SAISIR ET QUESTIONNER L’ORDINAIRE
Jérémie Rigaudeau
Illustrateur et Plasticien français, né en 1985, en Pays de la Loire
Observer le quotidien en questionnant la « normalité », ses effets et ses limites pour en prendre le contrepied. Telle est la ligne de force de Jérémie Rigaudeau, formé à l’Ecole des Beaux-Arts d’Angers, qui recherche, dans chaque discipline plastique ce basculement entre le réel et l’absurde. Ses dessins et ses installations permettent de nouer un dialogue intrinsèque avec ces notions normatives provoquant interrogations et interpellations, éléments moteurs de sa création. Comment bousculer ces concepts, jouer avec, les rendre plus visibles, plus lisibles? Cet artiste tente d’y répondre en explorant le réel par un mode de représentation riche en dérision, en ironie et en détournement. Rien n’est gratuit. Tout est habilement pointé à la mine en amont avant de s’emparer de l’espace public, son terrain de jeu privilégié. Il réinterroge, hors des champs d’exposition habituels, les codes de compréhension et de perception en créant des images, des balises aux frontières du non-sens. Un jeu perpétuel teinté d’absurde créant une mise en abyme de notre propre conception rationnelle du monde.
Loin de cet élitisme, plaçant l’art au cœur d’un marché motivé par la cote et la plus-value, il cherche à redéfinir les critères de transmission d’une démarche artistique honnête, motivée par l’appropriation et la curiosité du spectateur. Allant des petits aux grands formats, cet artiste accorde plusieurs techniques de composition (installation, photographie, vidéo, collage, art numérique) autour du dessin : la clé de voûte de sa démarche artistique. En usant de ces médiums complémentaires, il explore, défait et manipule les codes avec autodérision, simplifiant volontairement le message et son intention. Il repousse par la même occasion les limites de la bienséance, du sens commun pour y faire régner une folie douce sur fond de légèreté.
Dans ce dialogue et ce regard constant et discret sur la société, cet artiste pluriel, cherche, par l’appropriation de l’art contemporain, à (re)créer, dans son ensemble, différents degrés de lecture. Une production éclectique où chacun peut, à sa guise, jouer avec sa propre imagination et nourrir son environnement, sa conscience d’un monde à réinventer.
Par Laura Heurteloup
Journaliste Culture